La situation est grave : les touristes ne s’arrêtent plus à Calais, les commerces ferment les uns après les autres, le chiffre d’affaires de la restauration a baissé de 40 % en 2015. Le trafic portuaire de marchandises a lui aussi considérablement baissé (- 47 %) au détriment de Boulogne. Conséquence : du chômage en plus (on parle de 1.000 emplois menacés) et Calais devient une ville morte.
On peut penser qu’il s’agit de la conséquence de l’ultra-médiatisation de ce que les journalistes (toujours eux) appellent « la jungle », qui ternit l’image de la ville et font peur aux éventuels visiteurs.
C’en est une cause. Mais ce n’est pas la seule : des grèves à MyFerryLink ont bloqué le port, les compagnies de ferries britanniques l’évitent désormais et préfèrent accoster en Normandie. Le ministère des transports britannique va même jusqu’à indiquer des itinéraires maritimes évitant Calais…
Ce phénomène est vraiment local car, au nord, Dunkerque ne souffre pas d’une perte de touristes, pas plus que Boulogne, au sud.
Calais vit un drame humanitaire, économique et social. La ville s’en remettra-t-elle ?
Et pourtant, Calais en a, des atouts touristiques :
– le monumental beffroi de 75 mètres, au parterre toujours fleuri, au pied duquel les 6 Bourgeois de Calais continuent de remettre la clé de leur ville ; et au sommet duquel, par beau temps, on admire les blanches falaises de Douvres (ironique symbole de la liberté pour les migrants)
– la tour du guet, 35 mètres, l’un des plus vieux monuments de la ville (probablement du 12e siècle)
– l’église Notre-Dame, un joyau médiéval sous influence architecturale anglaise (c’est dans ce lieu que s’est marié le capitaine Charles de Gaulle avec Yvonne Vendroux) ; fermée il y a 70 ans, à la 2ème guerre mondiale, elle a été récemment rouverte et se trouve en pleine restauration, grâce à une très active association et la participation de généreux mécènes
– l’extraordinaire Cité de la Dentelle et de la Mode, riche d’une histoire des techniques manuelle et mécanique de cet art somptueux, emblématique de la ville – et d’une collection fantastique de modèles de toutes époques
– l’incroyable musée de la guerre 39-45, aménagé dans un bunker allemand de 95 m de long, servant de centre de télécommunications, à deux pas du beffroi et qui contient des pièces uniques (comme ces moteurs d’avions abattus dans la région ou le réseau de conditionnement de l’air)
Calais est riche de son histoire, riche de ses habitants, riche de sa situation géographique privilégiée. Calais ne doit pas mourir. Son sauvetage passe certes par l’ « euro-gestion » humaine et sociale de la crise des migrants, mais aussi par la valorisation et la défense de son patrimoine et de sa vie économique.
Réduire l’image de Calais à un no-man’s-land contemporain sur fond d’immigration clandestine est non seulement une injustice, mais un non-sens. Si la côte calaisienne est la plus proche de l’Angleterre, ce n’est pas de sa faute ! Et la terrible existence de la « jungle » ne doit pas être la tombe de cette cité.
Visitez Calais ! C’est le plus grand service que vous pourrez rendre à cette ville – et à la région tout entière.