L’écriture inclusive : j’exclus !

« Cesser d’invisibiliser les femmes »
« Assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes »

Voilà, entre autres, les intentions de « Mots-Clés », une structure fondée en 2011 par Raphaël Haddad, auto-qualifiée d’agence de communication d’influence, avec la profession de foi suivante : le langage constitue un levier puissant pour faire progresser les mentalités. En adoptant l’écriture inclusive, chacun-e peut faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes !

Autrement dit, l’écriture inclusive entend contribuer à la lutte contre le sexisme en modifiant l’orthographe. Ca laisse rêveur-se.

Vous l’avez constaté (en rouge) : cela se traduit, dans les textes, par l’ajout systématique du féminin à tous les mots masculins – et surtout lorsqu’il y a pluriel. Exemples :

– agriculteurs-trices (quand ce n’est pas : agriculteur-rice-s)
– citoyen-ne-s

Les concepteurs se sont plantés : ce n’est pas de l’écriture inclusive, mais INTRUSIVE !

Après la féminisation hideuse de certains métiers (1) : professeure, écrivaine, pompière, autrice, docteure, philosophesse, cheffe…, voici une aberration de plus, qui complique l’acte d’écrire, brouille et ralentit la lecture et rend imprononçables les mots ainsi créés.

En 2015, le Haut Conseil à l’égalité entre les les femmes et les hommes (HCE) publiait un guide pratique pour une « communication sans stéréotype de sexe ». En 2017, les Editions Hatier ont franchi une marche supplémentaire en publiant le premier manuel scolaire rédigé en écriture inclusive.

Allons encore plus loin dans la folie : selon l’Afnor, les claviers d’ordinateurs disposeront en 2018 d’une touche « point-milieu » pour remplacer le trait d’union nécessaire aujourd’hui à cette manière de torturer l’écriture.

Je suis féministe. Résolument, complètement, indéfiniment féministe. Mais je pense que l’égalité hommes-femmes ne se gagne pas dans des réformes d’idées qui ne sont qu’un pansement de plus sur une jambe de bois. L’écriture inclusive, même si on peut lui reconnaître des arguments pertinents (cf : article Le Point) ne contrebalance pas la réalité quotidienne des femmes.

L’égalité hommes-femmes sera factuelle lorsque :

– il n’y aura plus 25 % de différence entre les salaires pour un même poste
– les entreprises auront autant de femmes que d’hommes à leur tête
– la formation professionnelle des femmes vers les métiers dits « techniques » ne sera plus objet de moqueries
– l’on masculinisera certaines expressions : « homme-enfant », « homme fatal » ou « sage-homme » par exemple…

Pour en revenir à l’écriture, voici ce que donnerait un texte sous la forme préconisée par l’agence « Mots-Clés » :

Nous sommes fier-ère-s des chiffres réalisés par nos caissier-ère-s en ce 1er trimestre. Les client-e-s ont approuvé les nouvelles mesures et se sont senti-e-s accueilli-e-s plus chaleureusement. Chacun-e de nos salarié-e-s s’est investi-e dans l’accueil et le service à la clientèle. Désormais, la satisfaction des visiteur-euses de notre enseigne est acquise grâce à l’engagement des un-e-s et des autres. Félicitations à tous-tes !

Alors, prêt-e-s pour l’intrusive écriture inclusive ? PAS MOI !

__________

(1) L’argument-massue de cette féminisation est le suivant : au Moyen-Age, ces terminologies existaient. Ah bon… Et bien, la boucle est bouclée, puisque cette réforme, qui se veut évolutive, nous fait replonger dans le Moyen-Age. Bravo !


One comment on “L’écriture inclusive : j’exclus !

  1. Philophenomene dit :

    Merci beaucoup de ce rappel très parlant de la vanité et de l’hypocrisie de certaines expressions…

    A propos, le « politiquement correct » ne serait-il pas un bel oxymore ?

Laisser un commentaire