Moi, j’aime le VERT. C’est ma couleur préférée. Pas seulement parce que c’est celle (mélangée à du gris pour être tout-à-fait honnête) de mes yeux, mais aussi parce qu’elle symbolise la nature, dans toutes ses teintes.
Mais, le vert en a vu de toutes les couleurs…
Sa symbolique a toujours été double et, au fil du temps, le négatif l’a petit à petit emporté sur le positif. Assez récemment cependant, le vert reprend des couleurs.
– les Romains et les seigneurs des temps féodaux l’associaient à la non-violence, au caractère paisible
– l’Islam a associé vert et nature : à l’époque de Mahomet, tout endroit verdoyant était synonyme de paris. C’est toujours la couleur du monde musulman
– au Moyen-Age, c’était la couleur des médecins et apothicaires (et nos pharmacies d’aujourd’hui aussi)
– Goethe lui attribuait des vertus apaisantes
– la codification liturgique a choisi le vert pour la période allant de l’après-Pentecôte à l’Avent, comme symbole d’espérance de vie
Puis les difficultés à stabiliser la teinture verte sur les vêtements lui ont donné la réputation d’être « instable » Ainsi, le vert a été associé a tout ce qui change, varie, bouge. Il devenait normal alors de l’identifier à la notion de risque, de hasard, de destin, de sort, de jeu : les duels dans un pré, les tapis de casino, les bureaux des ministres ou conseils d’administration, les tables de ping-pong…
La peinture et la photographie, elles aussi, ont été touchées par le phénomène : avec le temps, les couleurs des tableaux et photos se délavent, le vert en premier.
Le vert représentait donc la fluctuation : chance et malchance, fortune et infortune, amour et désamour. Il est également devenu maléfique :
– dragons, démons, lutins… et Martiens sont représentés en vert
– l’émeraude et la malachite sont considérées comme des pierres portant malheur
Les éditeurs évitent cette couleur pour leurs publications.
Et que dire du théâtre : le vert y est persona non grata ! Il existe trois explications possibles :
1) Une légende affirme que Molière est mort alors qu’il était habillé de vert
2) La teinture (encore elle) verte, obtenue grâce au cyanure ou à l’oxyde de cuivre, causait des dommages aux vêtements et il était périlleux de les porter en contact direct avec la peau : la transpiration leur aurait peut-être été fatale…
3) Au Moyen-Age, quand les baladins amateurs jouaient les Passions, le personnage de Judas était habillé en vert et à la fin de la représentation, les spectateurs venaient bastonner l’interprète !
De nos jours, on emploie toujours les expressions :
– en voir de vertes et de pas mûres
– vert de peur, de rage
– une volée de bois vert
Mais, ambivalence oblige encore, qui pourrait lui reprocher, à notre époque tourmentée, de symboliser le retour vers la nature (espaces verts / classes vertes / main verte / se mettre au vert), la liberté (feu vert = permission / numéros verts / prix verts), l’écologie (Les Verts / la pastille verte), la vigueur (langue verte / vieillard encore vert) ?
Analyse presque exhaustive , bravo ! Peut-on ajouter le symbole de la fidélité ? Les chevaliers partant en guerre emportait en gage de fidélité ( en rappel, nécessaire ! ) un noeud tressé de soie ou de laine verte sortant des blanches mains de l’Aimée. Au fait, la médaille des chevaliers des Arts et des Lettres est verte – ce qui est interdit au théâtre- et argent -ce qui manque le plus ! –