Cercil, 6 ans après

En 2011, je suis allée à Orléans pour rechercher des informations sur la détention de mon père au camp de Pithiviers en tant que résistant. J’ai bien entendu consulté les archives départementales du Loiret, mais je suis également passée au Cercil (Centre d’Etudes et de Recherche sur les Camps d’Internement du Loiret), inauguré le 21 juin de la même année par Simone Veil et Jacques Chirac.

La triste réputation de ces camps n’est plus à faire : Pithiviers et Beaune-la-Rolande  ont été les antichambres de la déportation de 18.000 juifs, dont 4.400 enfants, après la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942. Quant à Jargeau, il était destiné à recevoir les tsiganes. A Pithiviers, où a été emprisonné mon père après la déportation des juifs vers Auschwitz, il ne reste pratiquement plus rien : la communauté juive a elle-même souhaité qu’on détruise les baraques où s’entassaient les internés. Seuls, le silo tristement reconnaissable, l’ancienne infirmerie (devenue immeuble d’habitation) et l’espace où se situait la grange rappellent l’horreur qui s’est déroulée là.

Le Cercil, nommé aussi « Musée-mémorial des enfants du Vel d’Hiv », effectue un travail remarquable de reconstitution et de témoignage, rendant palpable l’indicible.

Dans la cour a été installée la façade d’une authentique baraque du camp, récupérée chez un artisan : elle est désormais classée Monument Historique.

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Lors de ma visite, bouleversée par la monstruosité de la situation et impressionnée par le travail de fourmi des conservateurs du Cercil, j’avais décidé d’y contribuer bénévolement. Je n’avais pas réussi à concrétiser ce projet… jusqu’à cette semaine. Je viens de passer 4 jours à éplucher les listes d’internés et en saisir les noms sur Excel, selon certains critères précis.

C’est une goutte d’eau dans l’énorme décryptage de ces histoires de vie dramatiquement interrompues, mais j’ai le sentiment d’avoir fait œuvre utile en redonnant corps à ces familles décimées. Ne pas oublier est fondamental, mais contribuer concrètement au travail de mémoire était une nécessité pour moi.

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Camp de Pithiviers vu du silo

http://www.histoire-en-questions.fr/vichy%20et%20occupation/juifs/phitiviers.jpg
Vue intérieure du camp de Pithiviers

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Le silo – en 1942 et aujourd’hui

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L’ancienne infirmerie


One comment on “Cercil, 6 ans après

  1. Philophenomene dit :

    Bonjour et merci de votre visite, de ce commentaire, et des liens vers vos travaux. Une visite s’impose !

    Raviver la mémoire par l’art et la création ? Personnellement, je pense que oui. Jean Ferrat ne dit-il pas, dans sa chanson Nuit et brouillard : « Je twisterais les mots, s’il fallait les twister, pour qu’un jour les enfants sachent qui vous etiez » ?

    Vous évoquez les camps français, antichambres des camps nazis. J’avais abordé le sujet dans ce billet : http://mesprisesdebec.fr/index.php/2012/10/11/aincourtunsymbolefranciliendelabarbarienazie/

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