Dégoût de bouchon

Ô rage, ô désespoir, lèse-gastronomie…
Quelle honte j’ai eue devant tous mes amis !
Débouchant une bouteille de Valpolicella
D’origine contrôlée – l’Italie était là,
J’ai vu, estomaquée, n’en croyant pas mes yeux,
Une hérésie du goût, digne de l’Amérique,
Vrai non-sens viticole : un bouchon en plastique !
Il me narguait, le traître, et j’avais l’air piteux.

Ce sale bouchon venu de l’industrie chimique
N’a rien de naturel et rien d’écologique.
Il ferait, paraît-il, moins de mal au breuvage :
Finies les moisissures, les bactéries sauvages.
Pourtant c’est bien le liège, selon la tradition
Qui garantit au vin de vieillir en beauté,
Malgré quatre pour cent bouchonnés, à jeter.
Le liège, c’est « l’outil » de la maturation.

Pour les vins secondaires, à boire dans les deux ans,
Les vins du quotidien, du repas tout-venant,
On peut toujours garder le bouchon en plastique,
Triangulaire ou plat, allongé ou cubique,
Bon pour le rouge qui tache, le gros-cul, la piquette !
Il fera son effet « déco multicolore ».
Certains même crieront : « Encore, encore, encore »,
Oubliant du bon vin l’élégante recette.

Quant à moi, qui suis bien souvent mal embouchée,
Je revendique haut et fort, sans me cacher,
Un noble embouteillage, au liège séculaire
Pour un vin AOC, vraiment de caractère.


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