Mélange des genres

Les grandes compétitions internationales permettent aux sportifs de s’illustrer, pour le plus grand bonheur des passionnés, dont je suis.

Il y en a d’autres qui s’illustrent  à ces occasions, mais plutôt version « bêtise » : les commentateurs télé.

Exemple :

Actuellement, aux Championnats du Monde d’athlétisme à Helsinki, il ne se passe pas un jour sans que Patrick Montel abreuve le téléspectateur d’informations sur les nationalités des compétiteurs, insistant complaisamment sur l’origine russe de tel(le) athlète allemand(e) ou australien(ne), ou encore africaine pour tel(le) autre suédois(e) ou britannique.

Et que je te reparle de Merlène Ottey (qui a d’ailleurs arrêté sa carrière internationale) « d’origine jamaïcaine mais courant sous le maillot slovène »

Et que j’insiste sur le fait que la championne « X » (pardonnez-moi, j’ai oublié son nom : Jamal, je crois)), d’origine éthiopienne, porte les couleurs de Bahrein.

Le pire que j’ai entendu, c’est la présentation d’un athlète australien sous le terme : « australien aborigène ». Qu’a-t-il voulu dire ? Qu’un aborigène est, d’abord, un descendant de sauvage et, ensuite seulement, un australien ? Il avait fait la même remarque pour Cathy Freeman, l’adversaire de Marie-José Pérec.

Manque de bol, l’aborigène est australien depuis bien longtemps ! Petit rappel :

c’est 40.000 ans avant J.C. qu’arrivèrent sur le continent les ancêtres des aborigènes, venant d’Indonésie et de Nouvelle-Guinée… alors que les Hollandais ne découvrirent le continent qu’au 17ème siècle et que les colons britanniques s’y installèrent un siècle plus tard.

Alors pourquoi Patrick Montel ne dit-il pas plutôt : « untel, australien blanc » ? Quitte à souligner l’origine, ce serait plus historique.

Pour pousser sa logique jusqu’à l’absurde, il devrait même annoncer :

– le français sénégalo-malien Ladji Doucouré
– la française sierra-léonaise Eunice Barber
– la française capverdienne Maria Martins
– la française gabonaise Reina-Flor Okori

et, hors athlétisme, continuons l’impensable :

– le français algérien Zinedine Zidane
– le français camerounais Serge Betsen
– le français congolais-ex-zaïrois Claude Makelele

J’arrête là : cela devient lassant…

La télévision étant, a priori, un loisir  s’adressant de préférence à des personnes non-aveugles (1), quelle nécessité oblige à annoncer la nationalité des sportifs ? Le téléspectateur sait lire et on lui donne même 2 fois l’information : sur le maillot de l’athlète et sur le bandeau de présentation de ses performances avec, en plus, le drapeau de son pays.

Et, à ce stade, on peut même se passer de commentateurs…

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(1) C’est pour plagier le terme de « non-voyant », que je trouve aberrant et honteux car sa forme négative souligne le handicap plus qu’il ne le banalise… Être « non-voyant », ça veut dire ne pas être comme la majorité des gens qui, eux, voient. Alors qu’être aveugle est un fait, un constat, un état.


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