Vivre…

Il est midi. Depuis ce matin, j’ai froid, dans le bureau de cette association où je travaille ponctuellement. Le chauffage a été coupé tout le week-end, alors le lundi, c’est long de retrouver une température propice à la productivité.
Ma grande écharpe est restée dans la voiture, à 20 m. Je décide d’aller la récupérer pour m’y enrouler confortablement.Il est là, agenouillé sur la dalle en béton devant le centre commercial. Il a 30/35 ans. Un gentil chat joue à ses côtés. Surprise : les gens s’arrêtent et lui parlent ; je suppose donc que c’est sa place « habituelle » (et j’ai conscience de l’horreur de ce que j’écris).

Depuis 2 jours, le froid est arrivé et je constate que cet homme n’a qu’un pull et un blouson. Dans ma tête arrivent les images des tentes installées le long du canal St-Martin, pour inviter les Parisiens à venir vivre ce que vivent les SDF…Je cherche des mots pour accompagner mon don de quelques Euros. Quelques mots. Un peu de chaleur humaine.  Je me sens si impuissante. Je lui dis que j’aimerais faire quelque chose pour lui et il me répond, dans un français hésitant teinté d’Europe de l’Est, que ça va, qu’il n’a pas froid.

Je m’éloigne, chamboulée. Dans la voiture, j’attrape mon écharpe et j’avise le plaid posé sur le siège avant. Il protège bien : je l’ai utilisé un jour, lors d’un long voyage, quand, fatiguée des kilomètres, je me suis octroyé une heure de repos. Je prends le plaid que je donne au jeune homme en bredouillant quelque chose comme : « c’est pour vous ; protégez-vous, je vous en prie ».

Et là, il a un geste incroyable, décalé : il pose le plaid plié sur ses genoux et y installe son chat.

Je me dis que c’est peut-être ce chat, sa présence, sa confiance, son affection, qui lui donne le courage d’affronter le froid, la faim, la solitude, la misère… Le courage de vivre.


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