Coin à recoins

Des jolis coins de la capitale, je connaissais déjà La campagne à Paris (Porte de Bagnolet), les ruelles du 19ème, du côté de la rue de Mouzaïa, celles qui entourent le Parc Montsouris, sans oublier les jolies cours fleuries derrière les portes cochères du 11e ou du 9e, dont, bien sûr, l’avenue Frochot, près de Pigalle, superbe allée aux maisons impressionnantes, auparavant libre d’accès mais devenue verrouillée, interdite désormais aux amateurs de jolies vues… C’est dans cette avenue qu’habitaient, notamment, Dalida et Régine Crespin.


J’ai découvert hier un quartier dont je connaissais l’attrait sans m’y être promenée : le 13ème arrondissement, et particulièrement le quartier de « la Butte aux cailles ». Le thème de cette sortie : A la recherche de la Bièvre disparue.

Elle n’a pas disparu, cette rivière, mais elle est tout simplement recouverte par les immeubles et la voirie. Venant de Guyancourt, elle passe par Verrières-le-Buisson, l’Hay-les-Roses et Gentilly pour entrer dans Paris près de la Poterne des Peupliers. On peut voir sa jonction avec la Seine du haut du pont d’Austerlitz.

Point de départ : l’avenue des Gobelins et sa renommée Manufacture. Sur le fronton, de jolies sculptures rappelant les étapes la fabrication de la laine.

Nous effectuons le tour du « Château de la Reine Blanche », authentique demeure médiévale ayant donné lieu à une belle opération immobilière (!!) et découvrons des cours-jardins, avec des bâtiments à l’architecture Renaissance, une fiche où s’épanouissent des végétaux divers et anciens, voire en voie de disparition (l’orme, par exemple), le square René Le Gall, oasis de calme et d’essences d’arbres multiples.

J’apprends que la Bièvre vient de « beaver » (castor), que l’on retrouve sur les armoiries du 13e arrondissement. Le nom de Lamotte-Beuvron (Loire-et-Cher) en est également issu. Les villageois de Gentilly et alentours, pas encore Parisiens, venaient y puiser de la glace lors des hivers rigoureux que Paris a connu, d’où la « rue de la Glacière ».

A Corvisart, nous gravissons la Butte aux cailles (rien à voir avec les oiseaux ; le nom vient de « caillou » ou « caillasse ») et admirons, là encore, les arbres et les maisons anciennes qui donnent l’impression d’être à la campagne.

Notre guide nous fait remarquer les creux et les bosses des rues que nous empruntons et qui indiquent les méandres de la Bièvre et son ancien lit (notamment sur le boulevard Auguste-Blanqui).

Les noms des rues sont, en eux-mêmes, la trace de ce qui existait au siècle passé :

– les moulins à vent : rue du Moulin des prés, rue du Moulinet, rue du Fer à Moulin
– les arbres : Poterne des Peupliers, Square des Peupliers

Ce square, justement, est un petit paradis, comme la Campagne à Paris ou les sentes des Buttes Chaumont : un dédale d’allées pavées et arborées que bordent de jolies maisons en pierre ou en meulière. Et ici, les propriétaires ont eu la délicatesse de ne pas interdire l’accès au promeneur.



 Quelques vues du Square des Peupliers
Un peu plus loin, voici une place où trône une fontaine et, tout à côté, la piscine. Quel intéret ? Eh bien, François Arago a creusé un puits artésien dans la Bièvre, qui alimente la fontaine et la piscine !
Après avoir descendu la ruelle Vandrezanne, nous arrivons dans un charmant quartier pavillonnaire et nous nous arrêtons à l’entrée de la rue Dieulefoy. Originaire du Nord, je trouve, dans cet alignement de maisons, une ressemblance avec les corons. Et, en effet, nous apprenons que ces maisons ont été construites pour y loger les ouvriers des usines et ateliers dont l’activité utilisait l’eau de la Bièvre. Certains frontons portent encore des noms évocateurs : fabrique de chaussures et galoches ou « peaux de chamois ».


Rue Dieulefoy

La promenade se termine. Nous avons observé bien d’autres curiosités :

– des cédrelats, arbres dont les ramifications sont systématiquement en angle droit, vision curieuse…
– la façade d’un cinéma désaffecté, sculptée par… Rodin
– des gingkos aux fruits ressemblant à du raison, mais qui, en pourrissant, dégagent une odeur pestilentielle !
– et cette dernière belle découverte : un immeuble dont la structure centrale est un tronc d’arbre entier autour duquel s’enroule l’escalier. Une pure merveille d’architecture

Deux ou trois portions de la Bièvre doivent être rendues à l’air libre dans les années à venir, notamment près du Muséum d’Histoire Naturelle au Jardin des Plantes. Un beau projet !


Laisser un commentaire