Pierre blanche


J’ai entrepris au printemps dernier des recherches sur mon père. Il s’agit, pour moi, de reconstituer deux volets :

– son parcours professionnel de mineur de fond, avec tous les éléments annexes : entrée, postes occupés, accidents et maladies, et, bien sûr, l’engagement associatif, syndical et politique qui va avec ;

– son « itinéraire » de prisonnier durant la guerre.

En juin et en août, j’ai réuni des documents très précieux aux Archives départementales du Pas-de-Calais à Arras, aux Archives du Monde du Travail à Roubaix, à l’ANGDM (Agence Nationale pour la Garantie des Droits des Mineurs), près de Lens et auprès du service du Fort de Huy (Belgique) où il a été détenu quelques mois. Mais il restait des périodes vides.

J’ai reçu aujourd’hui du Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains à Caen une lettre retraçant l’intégralité de son parcours de prisonnier.

Le service a eu la délicatesse de joindre cette photo, figurant dans son dossier, non datée mais prise au milieu des années 40 : il a donc 24 ou 25 ans. Mon père disait que les Allemands le prenaient pour un Russe ! Cette belle photo tend à le prouver.
Son parcours :

14 octobre 1941 : Arrêté par la Feldgendarmerie au cours d’une rafle, interné au camp de Béthune et transféré à Valenciennes jusqu’au 27 décembre 1941

08 janvier 1942 : transféré à la forteresse de Huy. Il y séjournera jusqu’au 24 avril suivant, date à laquelle il revient en France, prisonnier à Lille (ou Doullens) jusqu’au 30 mars 1943

1er avril 1943 : nouveau transfert au camp de Pithiviers

février 1944 (pas de date précisé) : transfert à l’Ile-de-Ré (pénitencier de Saint-Martin-de-Ré). Il est libéré le 8 août 1944.

Les dossiers de Caen mentionnent que mon père a participé à des actions directes de résistance à l’ennemi : sabotage fin juillet 1941 de la ligne de chemin de fer Lens-Douai et distribution de tracts et de journaux interdits FFI et FTP (communistes).

Mes souvenirs des récits de mon père étaient donc exacts ! Sauf un…

Je me rappelle en effet son amertume lorsqu’il me disait : « Comme je n’ai jamais séjourné dans un camp en Allemagne, je n’ai pas le titre de déporté, mais seulement celui d’interné ».

Or, la lettre mentionne qu’il a reçu ce titre de déporté le 5 juin 1975 !

C’est une grande émotion pour moi car je ne me souviens pas de cet événement et j’imagine combien il a dû se sentir fier d’être reconnu, trente ans après, dans son engagement pour défendre sa patrie.

J’attends maintenant communication d’un ouvrage qu’a écrit l’un de ses co-détenus de St-Martin-de-Ré, devenu son meilleur pote, pour compléter et affiner mes informations.

J’ai eu mon cadeau de Noël avant l’heure… et pas si loin de la date anniversaire de la naissance de mon père, le 14 décembre.


Laisser un commentaire