Adieu, PGG

Je suis bien triste : Pierre-Gilles de Gennes a rejoint le paradis des chercheurs. Combien d’utilisateurs de la fameuse « Superglue » et qui regardent leur film préféré sur un écran plat savent qu’ils bénéficient de ses travaux ?

J’ai eu l’occasion de le rencontrer, il y a une dizaine d’années, alors que j’étais pigiste pour un hebdomadaire régionale; Il était venu signer une convention entre son Ecole Supérieure de Physique-Chimie de Paris et l’Université de Créteil.

Je garde le souvenir d’un grand bonhomme simple et souriant, l’oeil malicieux et le verbe haut, semblant s’étonner de l’intérêt qu’on lui portait.

Ce qui me plaisait, chez ce cerveau extraordinaire, c’était son non-conformisme, le souci de ne pas rester dans sa tour d’ivoire, de désacraliser la recherche scientifique, de la lier au concret (partenariats laboratoire/industrie), de vouloir partager sans cesse toute connaissance et de ne pas rester sur des acquis (à 70 ans, il avait débuté à l’Institut Curie des recherches sur les mécanismes cellulaires intervenant dans la mémoire).

Il critiquait le langage académique et le manque de pragmatisme de l’enseignement scientifique. « L’explication par l’expérience » était sa philosophie de chercheur et de pédagogue.

Les Suédois, qui lui ont remis le Prix Nobel de Physique en 1991, le surnommaient « le Newton de notre temps ». Lui, fidèle à son image, avait déclaré : « C’est la première et probablement la dernière fois que je dîne avec des reines et des princesses. Je suis inquiet. J’ai peur d’être transformé en citrouille aux douze coups de minuit ». Et, à peine revenu en France, il a passé 2 ans à faire le tour de 200 lycées pour y donner des conférences, rencontrer les jeunes et promouvoir ainsi la physique.

Bardé de distinctions, il ne se prenait pas au sérieux. Témoin ce petit rôle de « livreur de pechblend » pour les travaux de Pierre et Marie Curie dans le film de Claude Pinoteau « Les Palmes de M. Schutz », en compagnie d’un autre grand chercheur : Georges Charpak, Prix Nobel de Physique 1992.

Chapeau, Monsieur.


One comment on “Adieu, PGG

  1. MichÚle dit :

    Il est vrai qu’un grand homme disparaît. J’ai vu à la télé il y a un certain nombre d’années une émission (à laquelle participait la fille d’amis qui travaillait au CNRS) où effectivement il rendait plus accessibles des notions  pour nous  très complexes.
    Par contre, je n’ai pas vu aux infos l’annonce de son décès, c’est Marc qui m’a informée.
    Ton article lui rend un bel hommage et j’ai bien aimé la citation que je ne connaissais pas.

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