Bons mots

Bien aimé l’un des titres du Canard Enchaîné d’aujourd’hui :
« Sarkozy : Je promets que dans quatre mois, je prends Laporte »…

J’ai dégoté quelques livres qui me réjouissent tout autant :

Alain Créhange – « Le pornithorynque est un salopare »
(E° Mille et Une Nuits) – Savoureux petit dictionnaire de mots-valises, tels que :

ikéalisme : attitude de celui qui, à la recherche du bonheur absolu, croit pouvoir l’acquérir en pièces détachées et le monter soi-même à domicile
hexactitude : qualité de ce dont la somme est rigoureusement égale à six
rêverigérateur : appareil permettant de conserver au frais ses meilleurs souvenirs pour s’en repaître à loisir le moment venu
atmosferatu : vampire qui, au lieu de sucer le sang de ses victimes, leur pompe l’air
avocalise : effet de voix dans la plaidoirie de la défense
crétinceler : briller en société en claironnant des âneries en vogue (ces propos sont appelés des « mondinanités »)
hémotif : personne à qui la vue du sang fait dresser les cheveux sur la tête
orgasthme : plaisir extrême provoqué par une toux violente
républiquette : chemise d’un sans-culotte
synthémilion : vin artificiel obtenu par « chimitation » et dont le goût prétend rappeler celui d’un grand cru de Bordeaux

Jean-Loup Chiflet – « Les mots qui me font rire » (E° Points)
C’est un répertoire des bizarreries et incongruités de la langue française, classées par thèmes. En voici quelques-uns :

– les mots mal mariés
– les mots qui rétrécissent à l’usage
– les mots qu’il faut
– les mots louches
– les mots qui googlèlent
– les mots qui courent toujours
– les mots mystères
– les mots menteurs

Et un exemple, bien sûr – Les mots en trop (cherchez-les : il y en a 13) :

« Pour débuter, je vais commencer d’abord par un bref résumé de ce que les écologistes, s’ils se concertaient ensemble, pourraient placer en première priorité sur leur liste des mesures à prendre pour économiser l’énergie. Un futur projet est à l’étude mais nous n’en avons pas la preuve probante ; la réalisation en a si souvent été différée à une date ultérieure sous de faux prétextes… Un hasard imprévu m’a fait savoir que M. Reton a opposé son veto à cette idée. Au jour d’aujourd’hui nous redemandons de nouveau que soit préparé à l’avance un décret pour l’an prochain qui préconiserait l’anéantissement total du pléonasme ».

Michel Friedman – « Mythologies du vocabulaire »
(E° Mille et Une Nuits) – Faux-sens, confusions et légendes sur l’origine des mots.

Exemples :

– 12°C : le C ne signifie pas centigrades, mais bel et bien Celsius
– Conséquent ne veut pas dire « important » mais « ce qui suit » ou « qui se   suit »
– Mal famé ne signifie pas « mal fréquenté » mais « qui a mauvaise réputation »
– Le docteur Guillotin n’a pas inventé la guillotine. L’utilisation d’un tel engin est attestée dès le 12^ème siècle à Naples, aux Pays-Bas et en Allemagne.

Gilles Guilleron – « Le petit livre des gros mots »
(First Editions) – Ce ne sont pas tant les gros mots, injures ou insultes qui sont drôles, mais la déclinaison de chacun(e) en langage courant, puis soutenu.

Exemples :

abruti = taré, pauvre type, débile.
langage courant : bouché à l’émeri, ne comprend rien
langage soutenu : éprouve quelque difficulté à saisir les enjeux de la situation

fouille-merde = fouineur, journaliste people
langage courant : curieux, fureteur
langage soutenu : exhumeur de ténèbres

judas = enflure, faux-cul
langage courant : traître, hypocrite
langage soutenu :  apôtre mal-communiquant

nase = crevé, destroy, foutu, H.S. pété, ramolli
langage courant : épuisé, détruit, hors d’usage
langage soutenu : aux abonnés absents, en phase de déconstruction, philosophe à temps partiel