Mots à maux

J’aime écrire. Les mots me sont donc précieux. Et, sans en faire un exercice quotidien, je suis attentive à traquer la langue de bois chère à nos hommes (et femmes) politiques.Pourtant, je suis passée à côté d’une manipulation langagière de taille et j’en ai pris conscience hier en discutant avec un professeur de lycée au sujet de la grève des enseignants de ce jour.

L’une des grandes phrases du bulldozer fou qui nous sert de Président est : « travailler plus pour gagner plus ». C’est une bonne formule, courte, percutante et compréhensible par tous. Chacun se dit légitimement : j’ai le choix de faire des heures supplémentaires ; et si j’en fais, je vais gagner plus.

Mais c’est la mise en oeuvre qui grince. Les salariés des entreprises privées peuvent choisir ou pas d’effectuer des heures supplémentaires. Leurs entreprises peuvent ou pas appliquer la consigne : elles bénéficient de toutes manières d’abattement de charges. Les profs, eux, n’ont pas le choix des armes, puisque dépendants de l’Etat-patron » – et cela devient très pervers.

En effet, l’État a décidé de supprimer des centaines de postes dans l’Éducation Nationale (comme dans d’autres administrations d’ailleurs). Et cela n’a rien à voir avec une réelle ou supposée fluctuation du nombre d’élèves. Donc la charge de travail des enseignants devra être répartie entre ceux qui vont rester. Ils vont devoir travailler plus, de gré ou de force. Mais vont-ils gagner plus, alors que leur rémunération est calculée selon des barèmes de rémunération par échelon ?

La sémantique, ça ment – hic !


Laisser un commentaire