Voici maintenant voilà !

C’est le mot du jour ; que dis-je : de l’année ; que dis-je encore : du siècle !Ça se généralise et ça m’agace : il ne se passe plus un commentaire, une réponse à une question ou une explication quelconque sans la présence d’un « voilà » préliminaire aussi inélégant et inutile qu’inapproprié !

Après « donc » et « en fait », voici que « voilà » pollue l’expression orale :

– en effet, il semble bien que – voilà – mes voisins soient partis sans laisser d’adresse
– j’ai toujours abordé cette question avec – voilà – beaucoup de prudence
– dans ce discours, il a – voilà – complètement occulté le chapitre de…
– en tant que spécialiste de la question, je dirais que – voilà – le choix doit intervenir lorsque…

C’est non seulement un ralentisseur d’expression, mais également un signe d’incapacité à trouver le mot ou la phrase à dire. ‘Voilà » est peut-être même en passe de remplacer le fameux « comment dire ? », aveu flagrant d’impuissance à s’exprimer. Et comme le mot est plus court, il deviendra hélas plus fréquent. A moins que ce ne soit de la gêne à s’exprimer… Dans les deux cas, la solution est facile : on se tait.Mais, plus encore que ce hoquet de langage déplaisant, c’est le non-sens sémantique qui m’horripile : dire « voilà » avant même d’exprimer une idée ou un avis est une faute, puisque voilà s’utilise pour reprendre – ou conclure – ce qu’on vient de dire. Lorsque l’on veut annoncer ce que l’on va exprimer, c’est « voici » qu’il faut utiliser.

Exemple :

annonce :  » J’ai assisté à l’accident. Voici comment il s’est produit : … »
reprise :  » …et elle le remit dans sa boîte sans être inquiétée. Voilà la chronologie des événéments »

Et, pour coller exactement au thème de ce billet d’humeur, je vous propose un second exemple :

annonce : Voici ce que je pense : notre pauvre langue a du souci à se faire.
reprise : Notre pauvre langue a du souci à se faire. Voilà ce que je pense.


One comment on “Voici maintenant voilà !

  1. Michèle dit :

    J’ai beaucoup apprécié ce billet, très d’actualité au moment où l’Education Nationale veut renforcer l’étude du français à  l’école.  Notre langue est bien mal en point et il est temps  d’agir. 

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