Mémoire(s)

Il se trouve que le 8 mai, j’étais à Arromanches, cité normande à jamais connue pour le D-Day du 6 juin 44. C’est avec émotion et respect que je me suis promenée sur la plage, où subsistent les vestiges du formidable ouvrage réalisé au lendemain du débarquement : le port artificiel allié. Je ne peux fouler ce sable sans penser aux images des contingents anglais et canadiens débarquant à cet endroit (nom de code : Gold) et, pour beaucoup d’entre eux, y laissant leur vie dans les minutes qui suivirent.A Arromanches, les vestiges des caissons Phoenix sont échoués (ou déposés) sur la grève et recouverts de mousse pour certains. Et l’on peut encore distinguer nettement la forme circulaire du port, à 2 km de la côte, où d’autres caissons, contre vents et marées, tiennent bon depuis 64 ans.

Il est réconfortant de voir que les gens viennent en famille visiter ce site et que les parents transmettent le devoir de mémoire.

 

La Mairie de Caen célébrait le 8 mai avec une délégation de vétérans anglais, venus de Londres dans 80 taxis typiques et rutilants ! La réception avait lieu dans le cloître de la superbe Abbaye aux Hommes, qui jouxte l’hôtel de ville. J’ai échangé quelques mots avec plusieurs d’entre eux, très fiers de participer à cette commémoration.

 

Et puis, le 9, je suis allée compléter mes informations sur le parcours de prisonnier de mon père, au Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains. J’y ai trouvé quelques pièces importantes à mes yeux :

– des procès-verbaux d’interrogatoire, dont celui de mon père après le sabotage d’une voie ferrée
– un certificat d’appartenance aux FFI, dans le corps des FTPF (Francs Tireurs Partisans Français)
– une fiche de démobilisation avec les empreintes digitales de mon père
– une lettre de remerciement écrite par mon père après avoir reçu officiellement le titre de déporté politique en 1975
– et, peut-être, le document le plus émouvant : une demande d’attribution du titre d’interné résistant, rédigée en 1950, où il détaille ses états de service ainsi que ses lieux de détention. Ce titre lui sera refusé en 1951, puis accordé en 1954.

Objectif atteint : j’ai reconstitué l’itinéraire complet de mon père entre 1941 et 1944.


One comment on “Mémoire(s)

  1. Michèle dit :

    Je suis contente pour toi que tu aies réussi à obtenir tous ces renseignements ou documents sur ton père. Peut-être as-tu ainsi pu mieux le connaître car jeune on n’est pas prêt à tout comprendre et ce n’est que l’âge venant que l’on s’attache à l’histoire familiale. Quant à moi, je regrette de n’avoir pas pensé à parler, surtout avec mes grands-parents, des souvenirs de leur enfance ou jeunesse.

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