Mon assurance et moi (feuilleton)

Je jubile : j’ai réussi à décontenancer un avocat et à lui faire perdre la face !

Rappelez-vous : en 2009, j’avais obtenu de ma Compagnie d’assurances le montant des réparations de mon véhicule accidenté, que l’assureur voulait mettre à la casse.

Rebelote début mai 2011, quasiment le même accident : un conducteur roulant trop vite en ville (+ de 50 km/h) me rentre dedans à l’arrière alors que je freinais pour m’arrêter au feu qui venait de passer à l’orange. Mêmes circonstances, mêmes dégâts, même constat : accident non responsable et tiers identifié.

Cette fois, refus très sec de tout arrangement. Après un échange de lettres qui dure environ 6 mois, je décide de saisir le Tribunal d’Instance du Mans, siège de la Compagnie.

Première audience : 16 mars 2012. Le Tribunal avait averti les deux parties par lettre plus d’un mois à l’avance. Le 13 mars, trois jours avant l’audience, je reçois une lettre de l’avocat de la Compagnie m’informant qu’il avait les pièces du dossier et me demandant « si j’attaquais ma Compagnie ou celle du conducteur ayant occasionné l’accident ». Ah bon ? Il ignore cela ? Mais il représente pourtant ma Compagnie d’assurance !… Euh : ça leur arrive, de communiquer ?

Je décide de ne pas répondre et de m’expliquer devant la Cour. Mais, le 16 mars – et je m’y attendais car c’est une guerre d’usure dont les représentants de la justice sont familiers -, l’avocat de la partie adverse fait reporter l’audience, sous prétexte qu’il n’a pas toutes les pièces du dossier (je rêve)… Le report est fixé au 6 juin 2012.

Il y a donc 2 jours, retour au Tribunal d’Instance du Mans. Là, l’avocat me remet ses conclusions. Je lui propose de lui remettre les miennes et il décline (!) En attendant mon tour de passage, je lis les conclusions et là….

Je tombe des nues, je nage en plein vaudeville. C’est ubuesque, délirant et complètement surréaliste : le cabinet d’avocat s’est basé sur les pièces de l’accident de 2009 et non celui de 2011 !

Lorsque nous sommes appelés par le Greffier, je fais part au Président (avec un ton candide mêlé de légère ironie) que j’aurais bien voulu assurer ma plaidoierie, mais que le dossier est erroné et j’explique pourquoi. Je vois l’avocat pâlir. Comble d’aberration, après un instant de flottement, il m’accuse de ne pas lui avoir remis mes conclusions (mais oui) et de ne pas avoir précisé la date de l’accident sur le formulaire de demande d’audience (mais oui). C’est donc de ma faute s’il a mal fait son dossier !

Je fais la grande étonnée et lui réponds : « Mais, vous êtes bien l’avocat de la Compagnie (xx) ? Pourquoi votre client ne vous a pas donné les bons éléments ? » et je me tourne vers le Président : « Que faisons-nous ? ».

Par corporatisme et « solidarité » avec l’avocat, le Président ne peut le déjuger.  Alors, lui aussi m’attaque : « Madame, votre dossier est un peu flou et on peut se tromper de date entre les deux accidents ». Je réponds : « Mon dossier est très clair : vous avez un récit chronologique et détaillé des événements et, à chaque pièce justificative, un n° d’annexe très lisible permettant de comprendre ma demande. Ma stratégie étant de me baser sur la transaction de 2009 pour obtenir la même indemnisation en 2011, il était normal que je joigne les pièces de 2009, elles-mêmes parfaitement identifiables ».

L’avocat de la Compagnie bafouille : « Je vais devoir mettre à jour ce dossier mais il faut reporter l’audience ». Je fais un geste d’approbation et le Président dit en regardant son calendrier : « Ce ne sera pas avant le 5 octobre ». J’opine : « D’accord pour le 5 octobre. Merci, M. le Président. Au revoir ».

Prendre en défaut de compétence et de professionnalisme un avocat du barreau, ça fait diantrement plaisir. Même s’il faut encore attendre 4 mois pour voir mon affaire examinée par le Tribunal… et avec l’idée que l’avocat va tout faire pour me rendre la monnaie de ma pièce !

Je suis repartie, aussi digne qu’une reine. On peut dire que c’est mon jubilé à moi…


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