2014, triste résonance

Commémoration du centenaire de la « grande guerre » d’une part, célébration du 70e anniversaire du Débarquement d’autre part, l’année 2014 était placée sous le signe d’un hommage vibrant à ces millions hommes qui ont combattu pour la liberté de notre sol jusqu’à la mort.

Mais toutes les cérémonies seront entachées, cette année, du résultat des élections européennes : dans tous les pays de la communauté, ou quasiment, l’extrême-droite progresse.Plus grave, La France en est la championne d’Europe : le Front National a obtenu le plus de représentants au Parlement européen.

Quelle ironie : les « anti-Europe » les plus virulents entrent en masse à Bruxelles ! Combattre de l’intérieur, n’est-ce pas hautement stratégique ?

Je suis eurosceptique, comme beaucoup. Mais je ne me suis pas abstenue car le vote est la seule arme dont je dispose pour donner mon opinion. Las ! Deux tiers des citoyens ont baissé les bras. Et les médias n’ont pas jugé intéressant de donner le pourcentage des votes blancs, ne serait-ce que pour avoir une vision complète du scrutin.

En 14-18 comme en 39-45, le monde entier est venu au secours de l’Europe menacée : Australiens, Néo-Zélandais, Africains, Canadiens, Américains… Les cimetières de France regorgent de leurs tombes.

Mais qui viendra délivrer l’Europe de cette nouvelle menace d’hégémonie, de mainmise sur la démocratie, la liberté d’opinion, le multiculturalisme… et même le droit d’existence pour certains ?


2 comments on “2014, triste résonance

  1. Michèle dit :

    Il est vrai que  je pense que la présence de quelques représentants du F.N. à l’Assemblée Nationale est bénéfique pour faire entendre les voix d’un certain nombre, mais il est regrettable que ce parti aie obtenu tant de sièges à l’Assemblée Européenne. Je suis pro-européenne mais je n’approuve pas tout ce qui est décidé au niveau « continental ». Ce vote représente en fait un mécontentement important des français sur la politique actuelle – ou récente – de notre pays.

  2. philophenomene dit :

    Je suis touchée, chère lectrice, par la candeur dont vous faites preuve. Et je suis également interpellée par le paradoxe de votre commentaire. A vous lire, c’est bon pour la France d’avoir « quelques » représentants du F.N. (une fourchette de combien, à votre avis ?) à l’Assemblée nationale, mais ce n’est pas bon pour l’Europe. Pourquoi souligner cette différence ? Pourquoi ce qui est « regrettable » pour l’Europe ne le serait-il pas pour la France ? Les députés frontistes français sont-ils plus acceptables, plus recommandables, plus fréquentables, que les députés européens en matière d’expression publique ?

    Le ver est dans le fruit… Permettez-moi ce rappel, édifiant et inquiétant : en 1928, un certain parti nazi, en Allemagne, obtenait 2 % des voix ; 4 ans plus tard, en 1932, il devenait le parti majoritaire avec plus de 37 % des suffrages. A quoi était due cette progression fulgurante ? A l’exploitation par Hitler de la désespérance et du besoin de changement du peuple allemand, après la défaite humiliante de 14-18 et la crise économique qui a suivi et qui s’est traduite par un taux de chômage de 30 % entre 1930 et 1933.

    Les circonstances sont peut-être quelque peu différentes aujourd’hui, mais le fond de commerce du F.N., parti populiste aux relents nazis, est resté le même : inoculer le rejet, voire la haine de l’autre, instiller dans l’esprit des gens que l’avenir, ce sont les retrouvailles avec des valeurs uniquement nationalistes, la fermeture des frontières socio-économiques, la chasse aux étrangers… bref, le repli sur soi et l’exaltation du label « Français d’abord ».

    Autre facteur commun : le charisme du chef nazi comme de la présidente frontiste. Tous deux savent brillamment haranguer la foule, utiliser un vocabulaire simple, concret et accessible à tous, un ton passionné et une image de sincérité tellement convaincante ! Flatter les bas instincts primaires et revanchards de la population pour anesthésier leurs facultés d’analyse, voilà la stratégie.

    Marine Le Pen fait tout pour lisser l’image de son parti et le rendre « normal ». Et, grâce à sa personnalité, elle y parvient, malheureusement, puisque 25 % des votants français l’ont porté à Bruxelles.

    Et ce n’est pas tout : Grande-Bretagne, Danemark, Autriche, Grèce, Pologne voient leur extrême-droite progresser considérablement. Pas de quoi révolutionner le ron-ron européen, disent les politiciens et les observateurs. Pour l’instant… car la bête est coriace : ça fait cette année 70 ans qu’elle survit !

    Voyez aussi ce qui se passe du côté de l’Ukraine… La Russie de Poutine cherche à reconstituer la grande URSS : encore une démarche qui pointe bien la menace du nationalisme.

    Je le répète, le ver est dans le fruit. Et, au contraire de vous, je ne trouve rien de « bénéfique » à cette poussée virulente anti-démocratique au Parlement, tant au plan national qu’au plan européen.

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