C’est pitoyable, un vieux con

Bus 325, Saint-Mandé, ce matin. Nous sommes quelques-uns à monter et, devant moi, un jeune homme chargé.

Il s’engage dans l’allée pour trouver une place et un homme d’âge mûr l’apostrophe : « Avec le beau portable que vous avez, vous n’avez pas de ticket ? » Je passe en disant : « De quoi je me mêle ? ».

De son côté, surpris, le jeune homme lui explique qu’il va poser ses affaires et retourner à l’entrée du bus pour valider son ticket. Une jeune maman, assise en face du trublion, intervient très poliment pour mettre en garde l’homme d’un jugement trop hâtif et lui reproche d’avoir dit cette phrase sans raison. L’homme lui répond qu’il en connaît, des fraudeurs comme celui-là, qu’il en a déjà vu et que personne ne dit jamais rien…

Le jeune homme s’assoit tranquillement et ne répond pas à la provocation. Nous sommes quatre au fond du bus à commenter la situation, choqués par le comportement de ce vieil homme (enfin, sans doute pas si vieux que ça, je suppose, mais les cheveux tout blancs).

Quand je vous aurai précisé que le jeune homme s’appelle Ousmane et qu’il est d’origine ivoirienne, vous aurez certainement une preuve navrante de ce qu’est le racisme puissance 2 : anti-noir et anti-jeunes.

La stupidité de ce vieil homme aura eu néanmoins une belle conséquence : Ousmane, deux autres passagers et moi avons fait connaissance et partagé quelques moments de dialogue et de fraternité.

Je dédie ce billet à Rosa Parks.


2 comments on “C’est pitoyable, un vieux con

  1. Philophenomene dit :

    Merci de votre compliment.
    OK pour garder le contact mais je me vois mal donner ici mes coordonnées et je vous engage à ne pas laisser les vôtres non plus !
    En revanche, vos commentaires sur mes articles seront un signe de contact et toujours bienvenus.

  2. Philophenomene dit :

    Merci de votre commentaire, Ousmane. Cette « remise à sa place » de ce monsieur est si minime, face au vieux démon très tenace du racisme. Mais si nous avons spontanément montré notre désapprobation et notre écœurement, si nous avons pu vous apporter un peu de réconfort et de soutien, j’en suis heureuse.

    Je suis native d’une région où, au fond de la mine et dans les corons, se côtoyaient Français, Arabes, Italiens, Portugais, Polonais, Espagnols, Russes, Africains…

    « La couleur ne fait pas l’Homme », a si bien chanté Hugues Aufray. Mais ses actes, si.

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