Boomerang : le silence n’est pas d’or

 

Boomerang

J’ai souhaité voir ce film à cause de son thème : les conséquences relationnelles d’un secret de famille. J’en ai découvert un assez récemment dans la vie de mes ascendants directs. Et même si c’est par le biais d’une fiction, je voulais aborder, comprendre et comparer, si possible, les états d’âme et les émotions qu’il engendre.

Malgré quelques effets scénaristiques un peu trop « téléphonés » à mon sens (1), j’ai beaucoup aimé ce film. J’ai surtout été bluffée par la vérité et l’intensité du jeu des acteurs, Laurent Lafitte (Antoine) en tête, qui crève l’écran. Il est prodigieux de naturel et d’authenticité dans chaque scène. Un exploit d’interprétation. Mélanie Laurent (Agathe), quant à elle, distille avec un grand art l’évolution de son personnage, d’abord assez distant vis-à-vis de la quête menée par son frère, puis dans la prise de conscience du possible secret avec les résultats qu’elle appréhendait et, enfin, bouleversante dans sa douleur et sa colère lors de la révélation de la vérité.

Les autres personnages sont dans la même veine et donnent vraiment l’image d’une véritable famille traversant la crise, chacun comme il peut. Le jeu d’Audrey Dana (Angèle), Wladimir Yordanoff (Charles) et Lise Lamétrie (Bernadette) est remarquable.

Le récit sert une évidence : les parents qui pensent protéger leurs jeunes enfants en taisant un événement dramatique se trompent. « L’enfant est une personne » et ce concept défendu par Françoise Dolto prend tout son sens ici. Je pourrais traduire cela en paraphrasant La Fontaine : « Rien ne sert de mentir par omission, il faut parler à point ».

Depuis que j’ai eu connaissance d’un secret dans ma famille proche, je n’ai de cesse de vouloir comprendre ce qui s’est passé. Des trois personnes restantes qui peuvent lever le voile complètement, une m’a déjà donné quelques bribes et je ne veux pas la brusquer en la bombardant de questions. Mais je n’envisage pas d’abandonner ma quête de la vérité (du moins de « leur » vérité, chacun ayant vécu ce secret à sa manière). Je suis certaine que, à l’instar du personnage d’Antoine, je pourrai comprendre, analyser et accepter quelques-uns de mes ressentis, de mes attitudes mentales et de mes actes.

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(1) La scène de l’accident et celle où l’on apprend le propre secret de la fille aînée d’Antoine n’apportent rien de plus au film, la première se révélant un hommage hors de propos à Claude Sautet et la seconde alourdissant la thématique d’un « bis repetita » au mieux normalisateur, au pire presque menaçant…


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