Jamais trop prudents…

A une époque où le moindre regard, écrit ou déclaration engendrent toutes sortes de réactions plus ou moins violentes, voici un modèle de Vœux qui entend mettre son auteur à l’abri :

Nous voulions vous souhaiter une « bonne année ». Mais, après consultation d’un avocat, nous nous rendons compte de l’imprudence de cette formulation : elle nous soumet au risque de poursuites pénales…

Voici donc une version en conformité avec le principe de précaution inscrit dans la Constitution.

Nous vous prions d’accepter, sans aucune obligation implicite ou explicite de votre part, nos vœux à l’occasion du solstice d’hiver et du premier de l’an, en adéquation avec la tradition, la religion ou les valeurs existentielles de votre choix, dans le respect de la tradition, de la religion ou des valeurs existentielles des autres, ou dans le respect de leur refus, en la circonstance, de traditions, religions ou valeurs existentielles – ou de leur droit de manifester indifférence aux fêtes populaires programmées.

Ces vœux concernent plus particulièrement :

1) la santé : ceci ne suppose de notre part aucune connaissance particulière de votre dossier médical, ni une quelconque volonté de nous immiscer dans le dialogue confidentiel établi avec votre médecin traitant ou de  l’assureur auprès duquel vous auriez signé une convention obsèques

2) la prospérité : nous ignorons tout de vos revenus et placements, de votre taux d’imposition et du montant des taxes et cotisations auxquelles vous êtes assujettis

3) le bonheur : l’appréciation de cette valeur est laissée à votre libre arbitre et il n’est pas dans notre intention de vous recommander tel ou tel type de bonheur

PS 1 – Le concept d’année nouvelle est ici basé, pour des raisons de commodité, sur le calendrier grégorien, le plus couramment utilisé dans la vie quotidienne de la région à partir de laquelle ces vœux vous sont adressés. Son emploi n’implique aucun désir de prosélytisme. La légitimité des autres chronologies utilisées par d’autres cultures n’est absolument pas mise en cause. Notamment :

– le fait de ne pas dater ces vœux du Yawm as-sabt 1 Safar de l’an 1434 de l’Hégire (fuite du Prophète à Médine) ne constitue ni une manifestation d’islamophobie ni une prise de position dans le conflit israélo-palestinien.

– le fait de ne pas dater ces vœux du 2 Teveth 5773 ne constitue ni un refus du droit d’Israël à vivre dans des frontières reconnues ni un délit de contestation de crime contre l’humanité

– le fait de ne pas dater ces vœux du 3e jour du Chien de Métal du 11e mois de Neige de l’Année du Dragon d’Eau, 78e cycle, n’implique aucune prise de position dans l’affaire dite « des frégates de Taïwan »

– le fait de ne pas dater ces vœux du Quintidi de la 3e décade de Frimaire de l’an 221 de la République Française, une et indivisible, ne saurait être assimilé à une contestation de la forme républicaine des institutions

Enfin, l’emploi de la langue française ne sous-entend aucun jugement de valeur. Son choix tient au fait qu’elle est la seule couramment pratiquée par l’expéditeur. Tout autre idiome a droit au respect, tout comme ses locuteurs.

Clause de non-responsabilité légale :

En acceptant ces vœux, vous renoncez à toute contestation postérieure. Ces vœux ne sont pas susceptibles de rectification ou de retrait. Il sont librement transférables à quiconque, sans indemnités ou royalties. Leur reproduction est autorisée car ils n’ont fait l’objet d’aucun dépôt légal, à la condition d’être employés selon les règles habituelles et à l’usage personnel du destinataire.

A l’issue de leur période d’utilisation, leur renouvellement n’a aucun caractère obligatoire et reste soumis à la libre décision de l’expéditeur.

Ils sont adressés sans limitation préalable liée aux diverses notions susceptibles de caractériser leurs destinataires : âge, genre, aptitude physique ou mentale, race, ethnie, origine, communauté revendiquée, pratiques sexuelles, régime alimentaire, convictions politiques, religieuses ou philosophiques, appartenance syndicale…

Leurs résultats ne sont en aucun cas garantis et l’absence, totale ou partielle, de réalisation n’ouvre pas droit à compensation.

En cas de difficultés liées à l’interprétation des présentes, la juridiction compétente est le Tribunal habituel du domicile de l’expéditeur.

PS 2 – L’emploi de l’abréviation PS (terme latin : post-scriptum) plutôt que NB (terme latin : nota bene) est lié aux habitudes linguistiques de l’expéditeur et pourrait très bien être remplacé par « ah, au fait » ou toute expression plus moderne. De plus, ce choix ne sous-entend aucune prise de position, n’est pas forcément discriminatoire envers un parti politique et ne doit pas être pris pour un signe ostentatoire de préférence

Quoique… (NDLR)

 


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