Gilets jaunes et matière grise

OUI, je soutiens les revendications des gilets jaunes. Et NON, je ne cautionne pas la violence.

L’envie de réaction à l’augmentation des taxes carburant est compréhensible. L’idée d’un signe de reconnaissance est bonne. L’objectif de renforcer le succès des premières actions et durcir les positions est louable.

Mais, enfin : on sait que le mouvement est un conglomérat de toutes les tendances (dont certaines incontrôlables), qu’il n’est pas (et ne veut pas être) structuré, que les casseurs sont à l’affût  de toute opportunité d’action violente et que les forces de l’ordre ont comme habitude (instruction hiérarchique ?) de provoquer les manifestants et de contribuer ainsi à discréditer tout velléité de revendication.

Si les gilets jaunes ne voulaient pas que leurs actions dégénèrent, il fallait au moins prévoir les dégâts !

La France est (était ??) un pays de libre expression et les manifestations un droit fondamental. Pourquoi alors les gilets jaunes n’ont-ils pas, dans ce contexte inédit d’une réaction spontanée non dictée par les partis politiques et les syndicats, fixé des bases claires et incontournables pour leurs défilés ?

Il suffisait qu’ils décident, par exemple, de manifester exclusivement en se tenant par la main, les coudes ou les épaules, sans JAMAIS se lâcher et de faire savoir que quiconque n’aurait pas ce comportement serait considéré comme hors du mouvement. Ce choix avait comme avantages, puisque les médias sont omniprésents, de montrer la « force tranquille » des gilets jaunes (1) et de pointer du doigt à l’avance les contrevenants à cette règle.

Pourquoi aussi ne pas avoir « négocié » avec les instances dirigeantes (ministres, préfets, forces de l’ordre, services de sécurité) les dates, lieux et horaires de leurs manifestations, pour valider à la fois leur représentativité et la pertinence de leur moyen d’expression ?

Etre en colère contre des mesures injustes est légitime. Agir n’importe comment démontre une carence grave dans l’anticipation, l’esprit d’analyse et démontre de manière éclatante l’indifférence et le mépris pour les conséquences de ses actes.

Le capital « sympathie » des Français pour les gilets jaunes ne peut pas durer puisque tout le monde paiera pour les dommages et que, déjà, les conséquences économiques se font sentir…

Et que dire de l’image de la France – et de Paris en particulier ? Nous attirons les touristes du monde entier et voilà ce qu’on leur montre : une population incapable de concilier colère et mesure, action et réflexion, engagement et respect d’autrui, revendications et pertinence des moyens.

Citoyens, qu’avez-vous fait de vos cerveaux ?

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(1) Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage (La Fontaine – Le lion et le rat)


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