Couvre-feu

Un couvre-feu pour ralentir les contaminations : mon mental n’y adhère pas mais je comprends les craintes de nos dirigeants, qui ne veulent pas répondre à la puissante deuxième vague par une nouvelle mesure drastique de confinement total.

Emmanuel Macron l’a redit : il compte sur l’esprit de responsabilité de chacun. Il fait (encore) fausse route ! Car, avec la mentalité des Français, le couvre-feu était-il LA solution la plus adaptée ? Depuis belle lurette, le Français a intégré dans son petit cerveau étriqué un concept dévastateur : « ses libertés fondamentales », hérité de mai 1968. Avec ce terme, on a tout dit… et c’est catastrophique.

C’est un peu comme le 2e article de la Constitution des USA : la liberté de port d’armes si chères aux Américains… Avec cette couverture légale, ils tuent à tort et à travers. Avec nos « libertés fondamentales » françaises, nous justifions n’importe quel manquement aux règles de prudence, de solidarité et… de bon sens !

Vous croyez qu’il m’arrange, moi, le couvre-feu ? Certes pas !

1) Je suis formatrice en cours du soir (18.30 / 21.30). Fini pour au moins 4 semaines. Il faut que j’assure tous mes cours en distanciel. Ce n’est pas le travail d’adaptation qui me chagrine (c’est plutôt un heureux défi), mais c’est la nature même du domaine de mes interventions qui rend les objectifs plus difficiles à atteindre pour les stagiaires : la communication orale.

2) Je pratique le chant choral. Par essence, c’est une activité de passion, non-professionnelle, généralement programmée le soir : 19.30 / 22.00. Out ! Pourtant, depuis la rentrée, nous chantions masqués, disséminés dans tout l’espace (à 3 mètres les uns des autres), rendant difficile l’unité sonore, surtout dans l’acoustique hyper-réverbérante du lieu où nous répétons. Notre intervenant technique et notre chef de chœur sont également masqués et sont obligés d’utiliser un micro pour atteindre les choristes les plus éloignés. Pourtant, nous acceptions ces contraintes pour le plaisir de nous retrouver, chanter un merveilleux répertoire… et nous protéger mutuellement !

Et, pourtant, il va bien falloir faire avec : plutôt que la chaleur de l’échange en présentiel, je vais devoir exalter la cohésion de groupe par écran interposé. Pour l’émotion musicale, je vais répéter, chez moi, toute seule, sur un CD ou avec You Tube, les belles pages de Mozart, Haydn ou Haendel…

Je vais mettre de côté mon petit confort personnel pour tenter d’endiguer la propagation du virus. Et ma « liberté fondamentale » est de considérer que mon acceptation à ces contraintes est une contribution majeure au ralentissement de l’épidémie. C’est certainement cela, la responsabilité individuelle…

Alors, je vais plus loin : ce n’est pas une amende à 135 Euros suivie d’une autre à 1.500 Euros qui vont faire peur aux inconscients de toute sorte. Je préconise tout de suite l’amende à 1.500 Euros, doublée de l’affectation du contrevenant dans le service Covid d’un hôpital, histoire de calmer ses ardeurs réfractaires et de vivre, de près, les souffrances des malades et l’épuisement (+ le ras-le-bol) des soignants.


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