Jauge… ou jauge pas ?

J’apprécie la stratégie du gouvernement de déconfiner progressivement, avec des étapes par quinzaine, permettant de contrôler l’évolution ou la régression de l’épidémie. On sent bien que, à l’opposé des décisions hasardeuses du début de la crise sanitaire au printemps, les autorités tiennent compte à la fois des réalités du terrain et de la nécessité d’anticiper.

Les deux points litigieux (à mon sens) des nouvelles dispositions de cette fin novembre sont :

le report de l’ouverture des restaurants. Franchement, je suis allée plusieurs fois au restaurant depuis mai dernier et tout était mis en œuvre (du moins par les établissements dignes de ce nom) pour protéger les convives : diminution du nombre de tables et éloignement les unes des autres, masques obligatoires dès qu’il faut circuler (par exemple pour aller aux toilettes), gel hydroalcoolique à disposition, menus sur tablette ou affichés au mur et collecte des noms et téléphones au cas où il faudrait signaler un cas contact. Quel restaurateur normalement intelligent aurait envie de mettre en péril son activité en méprisant les consignes et en faisant fi de toute prudence ?

la jauge de 30 personnes maximum dans les églises. C’est l’aberration des aberrations ! A moins de célébrer la messe dans une toute petite chapelle (et il n’y a plus assez de curés pour cela dans les diocèses…), les églises de toutes tailles ont la surface nécessaire pour effectuer le ratio de 8 m2 par personne. Prenons une église qui peut contenir 1.500 personnes (en général assises côte à côte sur environ un mètre carré). Si l’on considère que 8 m2 correspondent à 2 chaises aux 4 côtés de sa propre place (en intégrant même la place entre les rangées de chaises…), cela fait 24 chaises tout autour de soi.

1.500 : 24 = 62,5. En conséquence, une église à la jauge habituelle de 1.500 personnes peut, avec la norme de sécurité maximum, accueillir 62 personnes, soit plus du double préconisé par le gouvernement. CQFD !

Les coupeurs de cheveux en quatre m’objecteront qu’au moment de la communion, la file d’attente réduira d’office cette surface de 8 m2. Je répondrai que dans les boulangeries, les caisses des magasins, les bus, les trains ou sur les quais du métro, on est loin du compte, à moins que le plus proche voisin dégage une odeur pestilentielle !

Là encore, les curés sont-ils si bêtes qu’ils chercheraient à compromettre la sécurité de leurs paroissiens et l’assurance d’un minimum de revenus ? Car il n’est pas superflu de rappeler que les églises vivent des dons qu’on veut bien leur faire, dont la quête durant les offices. Il faudrait être stupide ou incohérent pour prendre le risque de se priver de ces ressources vitales !

Mais le Premier ministre a été finaud : devant l’énorme stupidité de cette mesure et pour ne pas perdre la face, il a annoncé que les négociations en cours avec les autorités religieuses pourraient faire évoluer cette jauge.

Attendons-nous à un rectificatif très prochainement.


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