Quand les procédures tuent la communication…

Encore une situation ubuesque que je viens de vivre !

Je recherche un éditeur pour une grande saga biographique que je viens de réaliser. Le gérant d’une maison d’éditions bien connue me contacte directement par téléphone et je lui explique mon travail et le contenu de l’ouvrage. Il m’invite à envoyer le PDF à son comité de lecture, ce que je fais.

Quelques semaines plus tard, je reçois cette lettre de refus :

« Nous vous remercions de nous avoir fait parvenir votre manuscrit (…). Malheureusement, votre texte n’a pas été retenu pour publication par notre comité de lecture et nous en sommes désolés. Nous vous souhaitons bonne chance auprès de nos confrères pour ce titre mais vous pourrez toujours nous soumettre vos prochains travaux ».

Ayant déjà essuyé plusieurs refus d’autres éditeurs, je ne me suis pas formalisée de la réponse. Mais un élément m’a quand même incitée à réagir : je voulais connaître la raison du refus, dans le but de savoir si j’avais fait une erreur de casting en m’adressant à cet éditeur (pourtant ciblé comme les autres). Et j’écris un mail à la direction de production :

« Ce refus est forcément basé sur un examen précis, des éléments concrets. Et puisque vous me souhaitez plus de chance auprès de vos confrères, ne pensez-vous pas qu’il me serait utile de connaître les défauts ou les insuffisances de mon écrit avant de le présenter à un autre professionnel ? Aussi, j’aimerais que vous me précisiez les raisons de votre refus : est-ce la forme (mal écrit, pas structuré, style brouillon, trop d’infos ou pas assez) ou le fond (thème inintéressant, désuet, trop ciblé, trop spécialisé) ? Une critique n’est pas forcément négative. Je pense qu’un NON mérite d’être accompagné d’une explication franche et argumentée, ne serait-ce qu’au regard du travail accompli et je vous remercie de bien vouloir me la donner ».

Réponse : « Les notes de lectures restent internes à la maison. A regrets et bonne continuation »

Mon sang ne fait qu’un tour et ceux qui me connaissent savent à quel point je peux être tenace lorsque j’ai un objectif. Je réponds illico :

« Je ne vous demandais pas communication de vos notes de lecture mais un retour synthétique sur votre analyse de mon ouvrage, me permettant de comprendre pourquoi vous ne l’avez pas retenu. Je ne comptais pas utiliser ce renseignement pour remettre en question votre verdict, que j’accepte, mais pour avoir une idée plus précise de ce que peut attendre un éditeur, situation dans laquelle je me trouve pour la première fois.

J’ai 70 ans. Mon âge, mon parcours de formatrice d’adultes et mon expérience de 40 ans dans la communication m’autorisent à vous écrire ceci : pour progresser, un être humain a besoin de comprendre les décisions dont il fait l’objet. C’est valable autant pour un élève de primaire que pour un adulte qui possède un vécu expérientiel. J’étais donc parfaitement à même de recevoir une critique pour l’intégrer à mon processus d’analyse et améliorer mes pratiques. Et soyez certaine que votre décision de refus n’influe en rien sur la certitude de la qualité de mon travail, qui m’a d’ailleurs valu des appréciations très positives de plusieurs personnalités (du milieu concerné)« .

Et je reçois par retour la réponse à mon questionnement :

Chère Madame,

C’est avec beaucoup d’intérêt que nous avons lu et étudié votre texte. Toutefois, nous vous signalons que les éditions (XXX) sont à la base et avant tout un éditeur de textes. En l’occurrence le vôtre est abondamment illustré de documents – photos, fac-similés, tableaux – qui sont difficilement exploitables en l’état. Nous vous proposons donc de repenser votre ouvrage en ne conservant que le texte et quelques photos essentielles libres de droits. Dans ce cas nous serions prêts à réétudier votre proposition. Très respectueusement. Les membres du comité de lecture.

Si c’est effectivement la seule raison du refus, pourquoi cet éditeur ne me l’a-t-il pas écrit dans sa lettre ? Encore mieux : pourquoi le gérant, qui avait parfaitement connaissance du contenu puisque je le lui avais décrit lors de notre entretien téléphonique, ne m’a-t-il pas dissuadée de l’envoyer à cause de la trop importante iconographie ?

Quant à la suggestion de supprimer la majorité de ces illustrations, elle reflète crûment le « foutage de gueule » de cet éditeur : mon récit est basé intégralement sur la publication de documents d’archives, authentifiant les situations décrites !

La devise de Larousse est : « Un dictionnaire sans exemple est un squelette ». Cet éditeur aurait donc voulu publier mon ouvrage sous forme de squelette ?


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